Début 2015, Ouest Fraternité s’est associé La Voix du paysan pour lancer, en France, une deuxième campagne de parrainage d’abonnements. Au Cameroun, la rédaction du mensuel a également mobilisé la diaspora camerounaise et des personnalités locales.
L’opération a permis à 518 paysans camerounais de recevoir chaque mois le journal. Selon la région, les lecteurs ont eu le choix entre la version francophone ou anglophone, The Farmer’s voice. Cet accès à l’information agricole est précieuse pour les agriculteurs dont les revenus sont faibles. L’achat d’un journal est parfois impossible à budgéter dans les foyers. Le parrainage leur a ainsi offert l’occasion de découvrir les atouts du mensuel : des conseils pratiques, dossiers et reportages sur la culture et l’élevage.
Un an après, les journalistes de La Voix du paysan ont rencontré des lecteurs bénéficiaires. Voici leur reportage.
« La Voix, c’est mon enseignant »
Jean BISSO, agriculteur dans le village Ndeng.
« Ce journal, je l’ai découvert de manière fortuite. Cette année, j’ai bénéficié d’un abonnement parrainé et aujourd’hui, je le considère comme mon guide.
Dans La Voix Du Paysan, j’ai appris que la terre ne ment pas et que l’agriculture est faite non seulement pour se nourrir et nourrir sa famille, mais est un métier à part entière. Bien faite, en respectant les itinéraires techniques, l’agriculture est capable de produire des revenus consistants, même au village. La Voix Du Paysan, je l’appelle maintenant mon enseignant. Il ne me reste qu’à mettre tous ces conseils en pratique.
Maintenant que nous avons pris goût à la lecture de ce journal, les ressources financières étant très rares au village, à défaut de nous accorder encore une année d’abonnement, qu’on nous donne des conditions préférentielles pour le réabonnement.»
« La difficulté d’accéder à l’information au village »
Albert AKONO KABEYENE, agriculteur/éleveur au village Mvouetoudoum par Bityili.
Depuis quand recevez-vous La Voix Du Paysan?
Dans le cadre de ce parrainage, je reçois le journal depuis bientôt une année. Néanmoins, je le connais depuis plusieurs années quand je faisais encore de petits jobs en ville. Mais depuis que je me suis retiré au village pour faire les travaux champêtres et le petit élevage, j’ai été coupé de la presse. La difficulté est réelle quand il s’agit de l’accès à l’information au village. Et du côté des structures d’encadrement de l’Etat, il n’y a pas grand-chose en termes d’informations actualisées. Notre source devient donc le journal des producteurs, le seul qui arrive à nous par tous les moyens, même par voie de parrainage.
Que pouvez-vous dire aux parrains ?
Nous remercions profondément les donateurs. Ils ne mesurent peut-être pas l’ampleur de l’acte qu’ils ont posé à l’endroit des paysans camerounais. Dans notre groupe, nous cultivons de nouvelles idées. Les membres du groupe qui se sont habitués à lire La Voix Du Paysan pendant toute l’année 2015 vont avoir de la peine à ne plus lire. Quelques-uns ont dit leur intention de se réabonner pour garder la connexion avec l’information agricole.
Propos recueillis par Jacques Pierre Seh
“We are grateful for the free subscriptions”
Bi Judith, Farmer, Ekondo Titi
“I am grateful for the free subscription because it helped us to get the paper. In fact we have learnt a lot about how to grow palms, cocoa and even plantains. In every issue there is a big lesson for me so before receiving the paper I am always anxious of what new thing I will learn. The only thing I want to say is that sometimes due to bad roads we find it difficult to get the paper.
Apart from the problem of threats to seize our farms by some government officials that has confused us, I am sure many other farmers here will subscribe because they have had the opportunity to share our copies.”
“I am very grateful for the almost free subscriptions”
Asaahkoh Marius, farmer Alou, Libialem Division
“I was very happy when our president told us that we could receive The Farmer’s Voice here just for a token. Sometimes I see the paper either in Buea or in Dschang but due to bad roads we hardly get the paper here so I was very happy when I got the first copies. The Farmer’s Voice that focused on pepper farming last June seemed to have served as a kind of reawakening to my efforts in gardening. I learnt a lot from that particular issue. Another striking issue was the one that talked about the misuse of pesticides by farmers.
Apart from these two that have helped me a lot, are some other issues like the letter column where some of the questions and answers enlightened me. I am very grateful for the almost free subscriptions and I am praying that by the time it ends I will be able to re-subscribe though this year has not been easy on us farmers.”
Interviewed by Daniel Bangsi Song
Un club de lecteurs assidus à Melane
Le curé a fait de ses ouailles des agriculteurs connectés à l’information.
L’amour pour le journal La Voix Du Paysan, dans la localité de Melane (région du Sud Cameroun), naît avec l’arrivée du Père Serges Atangana Amougou comme curé de la paroisse de Melane. Passionné par le travail de la terre, il a entrepris avec ses paroissiens plusieurs activités agropastorales dans le village.
Une ancienne palmeraie a été relancée, une bananeraie mise sur pied et bien d’autres activités pour redonner vie à l’œuvre missionnaire créée dans cette localité, en 1946, par le Père français François Pocreau.
En quête d’une source viable d’informations agropastorales, La Voix Du Paysan apparaît comme un bon outil d’accompagnement pour leurs actions de terrain. L’association bretonne les Amis de Melane soutient cette région depuis des années. C’est pourquoi elle a contacté l’association Ouest Fraternité afin d’accompagner le travail des paysans à travers ces abonnements.
Le Père Serges Atangana Amougoue ne tarit pas d’éloge sur cette initiative : ” les mots me manquent pour exprimer ma joie de voir 10 paroissiens assidus à la lecture d’informations utiles au développement de leurs activités. Nous aimerions que d’autres lecteurs en profitent. Aujourd’hui, grâce au journal, c’est une autre dynamique dans l’action communautaire qui s’est engagée dans ce village.”
« Je vais étendre ma bananeraie »
Robert Zouam, cultivateur dans le village Melane.
Comment avez-vous connu La Voix Du Paysan?
J’ai entendu parler de ce journal il y a longtemps. Mais je l’ai tenu en main en début de cette année quand notre curé nous l’a apporté en nous informant que nous étions bénéficiaires des abonnements qui ont été offerts par des bienfaiteurs en France l’association les Amis de Melane, que nous ne connaissons pas.
Après un an, qu’avez-vous appris?
Je peux citer particulièrement les conseils sur la conduite des spéculations courantes de chez nous comme le manioc, le bananier plantain, l’association cacao et arbres fruitiers. Je suis certes un cultivateur de longue date, mais au contact du journal, j’ai réalisé combien j’aurais dû le connaître un peu plus tôt. Qu’importe, je me suis inspiré de quelques conseils qui y sont donnés. Et présentement, je suis en train d’étendre ma bananeraie. Après un an de lecture, La Voix Du Paysan est devenue un compagnon. Ça va être difficile de ne plus la lire.
Jacques Pierre Seh